Pour répondre à Italien:
Au sujet de M. Blanchet : Après lecture de l'article que vous postez, j'avoue approuver une grande part de ses analyses : est-il normal de discriminer les gens suivant leur accent ? Les Français ont encore beaucoup d'efforts à faire pour devenir sur ce point plus tolérants et comprendre que l'accent de France ( en fait de Paris) n'a pas vocation à devenir la norme dans les pays francophones, tout simplement parce que le français n'est plus la propriété exclusive de la France !
En ce qui concerne la promotion des langues autochtones encouragées, selon vous mais c'est probablement la réalité, par l'OIF, vous semblez penser ( ?) qu'elle est un frein au développement du français. Il faut pourtant regarder les faits : beaucoup d'enfants, en Afrique francophone, parlent une langue autochtone africaine en arrivant à l'école. Si on les soumet au français sans transition, le taux d'échecs sera énorme. Promouvoir les langues autochtones dès l'entrée à l'école est donc nécessaire avant de passer progressivement au français. Et puis, nous n'allons tout de même pas déposséder les Africains de leur propre langue sous le prétexte de diffuser le français ! Promouvoir les langues locales africaines et le français vont bien donc de pair.
Ce débat rejoint d'ailleurs celui que nous avons eu sur les langues régionales en France ; les avis sont, il est vrai, très partagés.
Au sujet de la candidature de la ministre ruandaise:
Y-a-t-il une menace sur l'avenir francophone de la RDC ? Certains semblent le penser, comme M. Jacques Leclerc
(
http://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/czaire.htm )
Je note pourtant que d'après les derniers chiffres de l'OIF de 2014, plus de 30 millions de Congolais sont francophones soit presque la moitié de la population ! Et alors que ce pays est un des plus pauvres au monde, même si cette affirmation cache la formidable énergie de ce peuple ( nous en avons la preuve, atténuée vue d'Europe, avec la musique par exemple ). N'oublions pas non plus que la définition de "francophone" est prise dans un sens très restrictif par l'OIF car elle ne concerne que des personnes comprenant des documents écrits. Il est probable que de nombreux Congolais comprennent et utilisent le français uniquement à l'oral et que le nombre de 30 millions est une estimation "basse".
En conséquence, sauf si l'OIF nous fournit de faux chiffres, il me semble qu'avec une telle base linguistique, il est difficile d'inverser la tendance et de basculer vers l'anglais, même avec la meilleure volonté du monde.
Nous savons bien que le Ruanda, avec l'aide probable d'alliés anglo-saxons cherche à déstabiliser la partie orientale de la RDC et que des évangélistes américains y font la promotion de l'anglais. Mais à moins d'une gigantesque déstabilisation ou d'un autre génocide, il me semble que cette influence peut rester limitée. Peut-être aurons-nous, au pire, à terme, une partie orientale de la RDC anglophone ? Cela n'est pas souhaitable évidemment pour la RDC - il suffit de regarder les évènements du Cameroun- , mais les Anglo-saxons n'en ont cure.
Pour finir, je terminerai sur cette interrogation : il y a quelques temps,le Maroc semblait vouloir remplacer le français par l'anglais dans l'enseignement, ce qu'il n'a pas fait . Que ferait la ministre ruandaise si elle était élue à l'OIF et qu'une telle initiative était de nouveau proposée?